Année 133 - Septembre 2021En savoir plus

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Quelle obscurité face à la mort !

la Rédaction

Je suis en train de me convaincre que prier est inutile : je l’ai fait toute ma vie et avec toute l’intensité possible jusqu’à ce que mon père meure il y a quelques mois de Covid. Je pense que le Seigneur ne veut pas m’écouter. Je pense être seule et la proie du hasard. Et maintenant j’ai encore plus peur.

M.B.

Je partage avec discrétion votre grand effroi : mais en même temps permettez-moi de vous contredire : nous ne sommes pas seuls et la proie du hasard. Nous sommes des êtres mortels avec une vocation d’éternité. La mort de votre père comme celle de nombreuses personnes qui ont été victimes de la pandémie nous demandent de porter un plus large regard sur la vie dont la mort fait partie comme un passage naturel et nécessaire. Cela n’enlève rien à la douleur de la perte et à la souffrance de la séparation mais l’amour est ce qui reste pour toujours. Pour être fidèle à notre condition humaine, l’amour doit tenir compte de la mort pour ne pas permettre au désespoir de tuer notre humanité. Le mystère pascal que nous avons célébré il y a quelques mois est ceci : traverser sans sauter la dimension mortelle de notre condition humaine. Après ces réflexions, j’ose vous dire encore un mot : la prière que nous adressons à Dieu selon l’enseignement de notre Seigneur Jésus nous change d’abord nous-mêmes en créant une attitude de confiance. Si vous le permettez, je vous donne un conseil : laissez passer un peu de temps pour vivre votre deuil et pour exprimer toute votre colère et votre déception. Le temps est un bon médecin. Cela ne signifie pas oublier ce qui s’est passé mais le placer sur notre chemin en retrouvant les motivations pour continuer à marcher avec ceux qui sont avec nous. La prière, même si on est en colère contre Dieu et si elle semble presque inutile, vous fera retrouver la sérénité et la paix du cœur. Au fond, nous ne pouvons que regarder le Christ crucifié : il nous donne la réponse à toutes les questions et aux inquiétudes qui nous bouleversent. Et sa parole sera certainement meilleure que la mienne !