Année 130 - Décembre 2018

La tendresse de Dieu

abbé Livio Tonello, directeur

Qui parmi vous n’a jamais été ému face au berceau de son enfant, de son petit-fils ou d’un nouveau-né? C’est l’image d’une profonde tendresse suscitée par une vie qui s’ouvre au monde. C’est avec la même tendresse que Dieu aime le monde et elle se révèle à nouveau dans la mémoire de la naissance de son Fils. C’est la tendresse divine qui s’incarne dans le visage de ses créatures, en s’abaissant à leur niveau sans pour autant se ternir.

Et tout cela uniquement par amour.

Je ne veux pas me complaire en de faciles mièvreries si diffuses durant les fêtes de Noël. Ne nous laissons pas fasciner par «l’atmosphère magique» d’un certain Noël. Audelà des lumières de la fête, c’est l’amour de Dieu pour l’humanité qui se révèle. Un empressement qui existe dès le début quand «il fit à l’homme et à sa femme des tuniques de peau et les en revêtit» (Genèse 3.21) pour protéger la fragilité des corps des ancêtres à la sortie de l’Éden. Nous retrouvons cet empressement à la naissance de Jésus à travers la présence de Marie qui «l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire» (Luc 2,7).

Si on pense à la condition humaine, on peut dire que tout est nu devant le Créateur: «Pas une seule créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant elle, soumis à son regard» (Hébreux 4,13) et c’est pour cette raison qu’elle a besoin d’être protégée. La naissance de Jésus est le signe le plus grand de cet empressement du Père pour ses enfants. Pour ne pas les laisser la proie du mal qui pesait sur les épaules de l’humanité et pour qu’ils n’aient pas peur face à une divinité considérée comme lointaine et vengeresse, il a trouvé un signe tendre comme un nouveau-né. Il s’agit d’un signe qui suscite de la joie, de l’étonnement, de la tendresse. Il n’y a rien de plus humain et de plus vrai, et qui est en même temps un signe de la protection continuelle de Dieu: «Vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire» (Luc 2,12).

Mais que voyons-nous dans ce signe? Les linges sont le présage de ce qui allait se passer, ils sont aussi le symbole prémonitoire d’un destin de douleur qui se serait accompli trente ans après. Joseph d’Arimathée et Nicodème «prirent donc le corps de Jésus, qu’ils lièrent de linges, en employant les aromates» (Jean 19,40). Les linges d’un enfant dans une mangeoire comme les linges parfumés d’un corps dans le sépulcre. C’est un symbolisme merveilleux représenté dans les icônes byzantines, fortes des soins du Père pour son Fils. Par rapport à la naissance, dans la mort il n’y ni abandon ni contradiction. Dieu le Père a revêtu son Fils de son amour du début à la fin comme une mère qui couvre d’attentions sa créature. Peut-être même qu’un adieu avant le temps Noël puisse nous aider à revivre la sollicitude, le soin, la tendresse maternelle et paternelle du Père. «Puer natus est nobis, datus est nobis». Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné (Isaïe 9,5). «Cantate Domino canticum novum: quia mirabilia fecit» Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles (Psaume 97). Nous serons bienheureux si nous arrivons à sentir la chaleur et la caresse des merveilles de Dieu.

Ce sera la même consolation que celle que saint Antoine a ressenti, alors qu’il était à Camposampiero l’invité du comte Tiso et qu’il vit une grande lumière inonder son humble chambrette: à ce moment-là il put serrer dans ses bras l’Enfant Jésus. C’est avec la même chaleur pleine d’amour que nous devrions arriver à envelopper les enfants et les adultes, qui souffrent et sans protection. C’est la manière d’accueillir Jésus. C’est la manière de vivre la période de Noël afin que les signes de la tendresse de Dieu soient aussi les nôtres.

Joyeux Noël!

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