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The risen Jesus preserves the wound

abbé Chino Biscontin

En 313, l’empereur Constantin promulgua à Milan l’édit qui libéra la chrétienté des persécutions en permettant aux chrétiens d’exprimer publiquement leur foi. Grâce à la construction de lieux de culte promue en Terre Sainte par Hélène, la mère de Constantin, dans les lieux de la mémoire de Jésus, les célébrations chrétiennes acquirent importance et solennité. Déjà au IV siècle, le dimanche avant Pâques les fidèles se réunissaient sur le Mont des Olivier pour une célébration suivie par une procession en mémoire de l’entrée de Jésus à Jérusalem.

Au VI siècle, la procession s’arrêtait au sanctuaire de l’Ascension, au Gethsémani, à la piscine probatique, à la Basilique de la Résurrection et elle se terminait sur le mont Calvaire. Le patriarche parcourait le trajet à dos d’âne. Puis on commença à organiser cette procession d’abord en Espagne et ensuite dans les Gaules. En revanche, à Rome, on dédiait le dimanche avant Pâques à la lecture des récits de la Passion du Seigneur.

Mais à Rome aussi, certainement au XI siècle, on commença à organiser cette procession précédée par la bénédiction des branches d’olivier et présidée par le Pape. Après le Concile Vatican II, notre célébration du Dimanche des Rameaux a uni ces deux éléments: la procession avec les rameaux et la lecture du récit de la Passion du Seigneur. Ainsi commémore-t-on l’entrée messianique de Jésus à Jérusalem mais avec la conscience d’accueillir le Seigneur ressuscité qui a promis d’être présent quand nous nous rassemblons.

Puis la lecture de la Passion sert à introduire les jours de la Semaine Sainte qui culminent avec la sainte Veillée Pascale et avec le Dimanche de Pâques. Pendant la Messe, après la lecture tirée du livre d’Isaïe, on prie avec le dramatique Psaume 21 et on répète le cri: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?». Ce sont les paroles criées par Jésus sur la croix. Et cela nous invite à méditer sur la terrible souffrance de Jésus qui touche profondément ceux qui le vénèrent et qui l’aiment. Cette souffrance témoigne le pouvoir destructif des péchés accumulés pendant l’histoire humaine.

Le plus beau des hommes, qui avait d’immenses dons de sagesse et qui savait les donner aussi aux personnes simples, qui a cru en la possibilité d’une totale bonté pour les hommes en la démontrant avec sa générosité sans bornes, cet homme a été assassiné dans la fleur de l’âge! On s’acharne sur lui avec les ténébreuses forces du mal de l’humanité: l’arrogance, la convoitise du pouvoir, l’attachement aux privilèges, la corruption e on s’enferme face à Dieu.

Mais cette souffrance révèle aussi un amour héroïque, totalement généreux, une confiance absolue en Dieu le Père, une fidélité sans bornes à la mission du salut de l’humanité. Depuis la croix, torturé par de terribles souffrances, il a prié pour ceux qui étaient en train de le tuer en l’insultant; il a confié sa mère Marie au disciple qu’il aimait en lui demandant de la traiter comme sa propre mère et il a confié le disciple à Marie en lui demandant de l’aimer comme un fils; le disciple représentait le petit groupe des disciples auxquels, comme il le croit fermement, le Père confiera la mission de continuer son œuvre: annoncer et témoigner l’Évangile.

On ne peut que répondre avec tout l’amour possible à cet immense amour, sachant qu’il ne s’agit pas seulement de rappeler un amour du passé mais un amour présent en Jésus ressuscité et dans la célébration de l’Eucharistie adressée à chacun de nous. C’est pour cela que le Ressuscité garde la blessure qui lui a ouvert le cœur.