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Rêves et fragilités du monde des sentiments

monseigneur Giampaolo Dianin, évêque

Je viens de commencer ma vingthuitième année d’enseignement de morale familiale, au début à la Faculté Théologique de l’Italie du Nord et maintenant à la Faculté Théologique des Trois Vénéties. Chaque fois que je me retrouve face à un grand groupe de séminaristes, de religieux et de laïcs, je suis saisi d’inquiétude car conscient de la complexité et de la difficulté de ce sujet dont les contenus sont éloignés de la manière de comprendre et de vivre la relation amoureuse, le mariage et la famille aujourd’hui. Je regarde mes élèves et je sais qu’ils vivent à la première personne les difficultés liées au monde des sentiments.

Cela concerne tout le monde: ceux qui se préparent à donner leur vie au Seigneur en choisissant la virginité et le célibat et aussi ceux qui sont fiancés ou mariés. Je suis conscient que chaque fois que je commence une leçon, je ne parle pas seulement à leur intelligence mais à leur cœur, que j’effleure la polarité éternelle entre le corps et l’esprit, les rêves et les fragilités qui habitent et habiteront toujours le monde de l’amour. «L’Église qui prêche la famille est signe de contradiction»: ce sont les paroles qui ouvrent le chapitre 6 de l’Amoris Laetitia dédié à la pastorale familiale (n. 200).

Comment ne pas reconnaître la vérité de cette affirmation? Cette année aussi, je parlerai d’indissolubilité et de fidélité, de sexualité et d’amour, d’ouverture à la vie et de contraception, de mariage et de cohabitation, d’homosexualité et de transsexualité. Tandis que je suis en train d’écrire cet article, je reçois un mail que je transcris: «Nous sommes Giorgia et Luca (deux noms inventés), un couple marié depuis 11 ans et nous avons trois enfants. Maintenant pour la première fois nous sommes en crise pour une question de morale familiale.

Un ami m’a conseillé de m’adresser à vous avant que ce problème puisse créer de lourdes conséquences au sein de ma famille. Je voudrais vous demander s’il serait possible de vous rencontrer; je vous remercie pour