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Le futur de l’Église

abbé Livio Tonello, directeur

The future of the Church

Cette période nous fait souvent penser au futur car on a peur de l’avenir. Nous pensons ainsi au futur de la planète, craignant des événements dramatiques comme la sécheresse et l’impact du changement climatique qui provoquent mort et destruction. Nous pensons au futur de l’Ukraine qui va vers une très longue guerre. Nous pensons au futur de nos relations avec notre famille et nos amis, mises à l’épreuve par un virus qui semble invincible.

Depuis quelques temps, on s’interroge aussi sur le futur de l’Église. Les statistiques ne sont pas encourageantes et certaines publications (Sommes-nous les derniers chrétiens ?, L’Église brûle, Des Églises fermées...) soulignent l’incertitude et l’inquiétude des structures ecclésiastiques. Nous pouvons le constater aussi dans notre réalité : une baisse de la fréquentation de la Messe dominicale, une baisse du nombre des volontaires et des opérateurs pastoraux, la faible incidence de la pensée chrétienne sur la société, la perte d’autorité de la hiérarchie...

La pandémie n’a fait qu’accélérer une inexorable érosion du nombre des fidèles qui a commencé il y a des années. On se demande alors quel pourra être le futur de l’Église mais plus en général du Christianisme. Le nombre des Chrétiens augmente partout sauf en Europe et même les pratiquants sont souvent découragés. Que faire ? Espérer ne suffit plus. Nous savons que le futur est entre les mains de Dieu et qu’il ne laissera pas la communauté ecclésiale à son destin. Mais les catholiques doivent se secouer.

Les scandales ont porté de grands coups à l’autorité et à la crédibilité de nos institutions : tout cela permettra de purifier l’esprit et le cœur et d’éliminer les déviances. C’est aujourd’hui que nous devons commencer à écrire le futur de l’Église. Les hommes se poseront certainement toujours des questions sur le sens de la vie et sur ses valeurs. L’Église, experte en humanité, en a une grande expérience.

Les conséquences de « l’ex-culturation » du catholicisme sont immenses et la sortie culturelle de la société hors de la sphère catholique appauvrira la culture moderne. L’Évangile prêché et vécu pendant des siècles est toujours précieux pour soutenir et promouvoir la vie et la cohabitation des peuples. Les chrétiens ont adopté une position ferme sur les sujets qui sont au cœur des débats de l’opinion publique comme l’écologie, l’homophobie, l’intégration... et leur opinion est parfois considérée « confessionnelle » et partisane.

C’est ainsi que l’ex-culturation du christianisme appauvrit la culture moderne en lui coupant ses profondes racines. L’Évangile n’est pas un récit du passé, mais il représente la narration du chemin humain qui se réalise en s’ouvrant à l’autre. Les prévisions sur le futur de l’Église sont incertaines et espérer ne suffit plus. Nous avons la certitude de ne pas être une structure transitoire car elle est fondée sur une Parole qui ne passera point. Elle pourra même « brûler » ou « faire faillite », mais elle sera toujours ouverte à l’espoir.

Les derniers chrétiens sont aussi les premiers du nouveau peuple de Dieu, qui, après avoir traversé le désert, voit la terre qui est toujours promise et qui est le seul but de son chemin terrestre.