Année 134 - Janvier 2022

La caresse de Dieu

abbé Livio Tonello, directeur

Nous venons de célébrer Noël et l’Épiphanie, le mystère d’un Dieu qui se penche sur l’homme jusqu’au point de naître dans la pauvreté et de se faire homme parmi les hommes. Un enfant est sans défenses et il a un grand besoin d’amour et de soins : le Créateur a donc voulu se faire enfant en Jésus pour se faire voir et toucher et sa grandeur est justement dans cette petitesse.

Le jour du Baptême du Seigneur qui clôt le cycle de Noël et dont l’église fait mémoire le 9 janvier, nous contemplons la manifestation la plus importante au tout début de la vie publique du Christ. La liturgie nous fait faire ensuite un bond en avant de presque trente ans : les années de « vie cachée » dans la dimension de l’existence quotidienne, sans apparaître.

C’est un beau message pour nous tous : il nous révèle la grandeur de la vie de tous les jours, l’importance de chaque geste et de chaque moment, même les plus simples, aux yeux de Dieu. L’Évangile nous présente la scène qui a lieu près du fleuve Jourdain où Jean le Baptiste baptise avec l’eau en annonçant la venue de celui qui baptisera dans l’Esprit Saint et auquel il n’est pas digne d’enlever les sandales.

Cette image nous fait réfléchir à notre époque pleine d’incertitudes, de manipulations et d’offenses faites au nom du Seigneur. Jésus attend de recevoir le baptême au milieu de la foule pénitente des plus pauvres, des marginalisés et des pécheurs même s’il n’a pas péché : il est donc solidaire de cette humanité et il attend avec elle. Le rite pénitentiel du baptême était le signe de la volonté de se convertir en demandant pardon pour les péchés commis.

Certainement Jésus n’en n’avait pas besoin et Jean voudrait l’en empêcher mais Jésus insiste car il veut rester du côté des pécheurs : c’est pour cela qu’il est dans la file avec eux pour faire le même geste. Voilà le style de Jésus, comme le Pape François l’affirme : « Nous ne sommes pas sauvés par un acte de force ou par une décision prise d’en haut mais par la grâce du Christ qui vient à notre rencontre en prenant sur soi nos péchés ».

Ainsi peut-on vaincre le mal : « En se baissant, avec le style missionnaire des disciples du Christ : sans crier, sans gronder personne, mais avec douceur et fermeté, sans arrogance ni imposition, mais en se faisant proches et en partageant l’amour de Dieu. Car le style de Dieu est sa proximité à l’égard de ses enfants ». Après le baptême, le ciel s’ouvre et la Trinité se manifeste. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descend sur Jésus et il y a une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie ».

Le Pape François souligne que « la miséricorde est le visage de Dieu. Jésus se fait serviteur des pécheurs et il est proclamé Fils ». Il en est de même pour nous aussi : Dieu se manifeste en chacune des œuvres de miséricorde que nous faisons. Avec le baptême, chaque nouvelle vie est confiée à Celui qui est plus puissant que les pouvoirs obscurs du mal. Ceux qui ne sont pas baptisés aussi reçoivent la miséricorde de Dieu car notre vie est « marquée » par la miséricorde et Dieu « nous caresse de sa miséricorde ».

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