Année 133 - Décembre 2021

...aux hommes qu’aime notre Seigneur

abbé Livio Tonello, directeur

On a toujours considéré Noël comme la fête de la famille par excellence, un moment pour se retrouver ensemble. Il est vrai que Noël met au centre l’être humain et ses relations familiales. Jésus naît dans une famille en quelque sorte semblable à bien d’autres à toutes les époques.

Noël est la fête des enfants et de chaque enfant qui est caché dans chaque adulte et c’est pour cela qu’elle évoque en nous des souvenirs d’enfance. Toutefois, il faut tenter de ne pas réduire Noël à une simple célébration en famille. Je pense qu’il faut récupérer le message de l’Évangile de Noël qui nous invite à redécouvrir et à célébrer l’amour que Dieu a manifesté en donnant son Fils pour le salut de l’humanité.

Avec son amour infini, le Père envoie son Fils et il le donne à toute l’humanité, aux bons et aux mauvais. Pas seulement à ceux qui expriment leur « bonne volonté » et leurs intentions de faire le bien mais à tous ! Car Dieu aime tous les hommes, les saints et les pêcheurs, les justes et les mauvais. Voici encore une fois le message bouleversant de l’événement de l’incarnation. Une vérité qui nous dérange, qui nous inquiète et qui peut-être nous fâche car Dieu semble être trop bon. Quelqu’un a vu dans la pandémie un châtiment du Tout Puissant.

Le Pape François au numéro 34 de sa dernière encyclique Tous frères souligne qu’« il ne s’agit pas d’un châtiment divin mais que c’est la réalité elle-même qui gémit et se révolte ». Comment Dieu pourrait-il ne plus aimer ses créatures ? Il y a plutôt un lien profond qui unit les personnes à l’environnement et qui demande une relation responsable. Dieu aime sans condition chaque chose dont chacune fait partie de son projet de création.

Dieu ne fait pas de distinctions de mérite mais seulement de grâce en la donnant aussi à ceux qui se sentent loin de lui. « La miséricorde de l’homme s’exerce envers son prochain, mais la miséricorde de Dieu s’étend à toute chair » (Siracide 18,12). À travers ces paroles qui nous illuminent, le livre du Siracide souligne que toute personne, bonne ou mauvaise, tout animal, féroce ou doux, fait partie de cette chair, y compris le virus.

Nous devons donc parcourir ce chemin pour ne pas exclure ni marginaliser personne. Le Pape nous admoneste en ces termes : « Croire en Dieu et l’adorer ne garantit pas de vivre selon sa volonté » (Tous frères, 74). Noël nous fait méditer sur ces pensées et il en confirme la force. Le mystère de Bethléem nous donne un message clair : le fils de Dieu n’est pas né à Jérusalem, la capitale, il n’a pas choisi le temple pour être adoré, il n’a pas poussé son premier cri dans un palais.

La pauvreté d’un petit village est devenue le symbole d’un choix précis : « Voulez-vous vraiment adorer le corps du Christ ? Ne le méprisez pas quand il est nu ». Saint Jean Chrysostome nous rappelle dans ses écrits : « Ne l’honore pas ici dans l’église, par des tissus de soie, tandis que tu le laisses dehors souffrir de froid et sans vêtements ». C’est là que se trouve Dieu, dans ce Noël aussi, si différent de celui des dernières années.

En vivant une nouvelle fragilité, nous nous laissons aimer par celui qui aime toute l’humanité. Mais nous ne pourrons en tirer un enseignement qu’en l’accueillant car c’est ainsi que son amour nous atteindra et nous réchauffera. Joyeux Noël, frères et sœurs dans le Christ !

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