Quand les cloches sonnent

À Pâques le tintement des cloches résonnera d’une église à l’autre pour annoncer la victoire de la vie sur la mort. Leur tintement nous accompagne chaque dimanche et il nous appelle à célébrer le jour du Seigneur. Il y a quelque temps j’ai rencontré l’abbé Davide Zanoni, un prêtre campagnard ! Il m’a fait découvrir un monde que je ne connaissait pas et que j’ai sous-évalué. Il m’a fourni de nombreuses d’informations. Par exemple maintenant je sais que la plus grande cloche d’Autriche (18 tonnes) est suspendue à la tour Nord de la cathédrale de saint Étienne.

Elle a été forgée en 1711 avec les canons des troupes turques lorsqu’elles se sont retirées de la capitale en 1683. Il fallait huit hommes pour la faire sonner et pour cela on l’utilisait rarement. Au cours du grand incendie de 1945, la cloche est tombée et a été détruite. En 1951 elle a été fondue à nouveau avec le bronze des canons turques conservés dans le musée historique de la ville. Cette nouvelle cloche a été fondue grâce à l’aide des tous les états fédéraux d’Autriche, elle pèse 20 tonnes et on la fait sonner en occasionnellement lors des fêtes de l’année liturgique ainsi que le jour du mercredi des Cendres et accompagne avec son tintement le chemin du Carême.

Durant la première guerre mondiale l’empire autrichien et l’Empire allemand n’ayant pas assez de métal pour les canons, ils décidèrent de réquisitionner les cloches des églises en Trentin-Haut Adige, de plusieurs régions d’Autriche et d’Allemagne et aussi que de la cathédrale de Trente. En 1918, à la fin de la guerre on se demanda comment récupérer les cloches perdues et transformées en canons. Une grande collecte de fonds fut alors organisée à Mantoue pour financer la fabrication de six nouvelles cloches pour la cathédrale de Trente fondues en 1920.

Il est beau de penser que ces cloches, transformées en instruments de mort sonnent à nouveau pour annoncer la résurrection et les moments joyeux et tristes de la vie. Mais ce qui m’a le plus frappé concerne une fonderie d’Innsbruck, l’une des plus grandes et fameuses d’Europe. L’entreprise a été fondée en 1599. Selon une tradition ancestrale la coulée des cloches a lieu le vendredi à 15 heures, le jour de la mort du Seigneur. Le propriétaire affirme que comme Jésus est mort et qu’il est descendu au Limbe pour ressusciter, ainsi le bronze luisant descend dans la cavité obscure du moule et il resurgit comme une cloche.

La bénédiction divine ne doit bien sûr pas manquer : le prêtre invoque la bénédiction du Seigneur sur le métal tandis que les spectateurs et spectatrices entonnent le chant « Avant la fonte des cloches », C’est avec un « Au nom de Dieu » que le travail commence. Le propriétaire présente le spectacle et demande aux personnes présentes de rester calmes pendant la coulée Chaque étape est planifiée avec précision car toute erreur se retournerait contre eux. Le monde des cloches est riche en symboles, en références historiques et en messages. Les paroles d’Isaïe résonnent : « Avec leurs épées, ils fabriqueront des socs de charrue, avec leurs lances, ils feront des faucilles ». Nous pourrions dire: ils fonderons leurs canons pour faire des cloches et annoncer la paix.

Elide Siviero