En méditant sur la parabole du bon Samaritain, le Pape Léon XIV a détaché la compassion de la question religieuse: «la compassion est une question d’humanité». Pour sa deuxième audience générale place Saint-Pierre, le Souverain pontife a encouragé les fidèles à imiter le Samaritain, qui «s'arrête simplement parce qu'il est un homme devant un autre homme qui a besoin d'aide».
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
«Et qui est mon prochain?» (Luc 10, 29) C’est en réponse à cette question d’un docteur de la Loi que Jésus expose la parabole dite du bon Samaritain. Devant une place Saint-Pierre remplie, ce mercredi 28 mai, Léon XIV a proposé une réflexion sur cette parabole du Christ, l’une des plus connues, dans laquelle un homme battu par des bandits est pris en charge par un Samaritain, tandis qu’un prêtre et un lévite passe à côté sans le soigner.
En poursuivant le cycle de catéchèses sur les paraboles, après celle du semeur la semaine passée, Léon XIV a assuré que ces récits évangéliques sont «une occasion de changer de perspective et de nous ouvrir à l'espérance», en permettant de changer de regard sur les choses.
La parabole du bon Samaritain
Dans l’Évangile de Luc, on retrouve une personne qui a «besoin de changer de perspective car elle est centrée sur elle-même», a commencé le Pape Léon XIV. Il s’agit du docteur de la Loi qui demande d’abord à Jésus comment «hériter de la vie éternelle?», avant de l’interroger sur son prochain, que la loi de Moïse prescrit «d’aimer comme soi-même».
Selon Léon XIV, cette parabole est d’abord un «chemin pour transformer cette question, pour passer de la question qui m’aime? à celle de qui a aimé?». La seconde question est celle de l’adulte qui a compris le sens de sa vie, a poursuivi le Saint-Père, «celle qui nous pousse à l’engagement».
La compassion, une question d'humanité
La parabole du bon Samaritain met en scène un homme qui «descendait de Jérusalem à Jéricho», une ville au-dessous du niveau de la mer. Le Pape y voit l’illustration des aventures malheureuses de la vie de chacun, de «l'expérience qui se produit lorsque les situations, les personnes, parfois même celles en qui nous avions confiance, nous prennent tout et nous laissent au plein milieu de la route».
C’est justement dans ces moments-là que «nous nous révélons tels que nous sommes», «face à la fragilité et la faiblesse de l’autre». Deux exemples sont donnés dans l’Évangile: passer à côté comme le prêtre et le lévite ou prendre soin de l’autre, comme le Samaritain.
Léon XIV relève que les deux personnes qui «servent dans le Temple de Jérusalem» ne s’arrêtent pas, signe que «la pratique du culte ne conduit pas automatiquement à la compassion».
“Avant d'être une question religieuse, la compassion est une question d'humanité! Avant d'être croyants, nous sommes appelés à être humains.”
Arrêter son propre voyage
Le Saint-Père imagine que ces deux hommes «sont pressés de rentrer chez eux», mais c’est précisément cette hâte «si présente dans nos vies, qui nous empêche souvent d'éprouver de la compassion». «Celui qui pense que son propre voyage est prioritaire, n’est pas prêt à s'arrêter pour un autre», insiste-t-il.
Dans la suite de la parabole, un homme s’arrête. Il s’agit d’un Samaritain «qui appartient à un peuple méprisé», et qui est en voyage. Aucun lien avec la religion n’est alors fait, souligne le Souverain pontife. Au contraire, «ce Samaritain s'arrête simplement parce qu'il est un homme devant un autre homme qui a besoin d'aide».
Les gestes concrets de la compassion
Ce Samaritain, appelé «bon» par la tradition, «est simplement une personne». «Le Samaritain se fait proche, parce que si l'on veut aider quelqu'un, on ne peut pas penser à se tenir à distance, il faut s'impliquer, se salir, peut-être se contaminer», explique Léon XIV. Le Samaritain panse les plaies du blessé, le charge sur son âne et le dépose à l’hôtel où il règle sa note d’avance, «parce que l'autre n'est pas un colis à livrer, mais quelqu'un dont il faut prendre soin».
En méditant sur ce texte, le Pape Léon XIV invite les fidèles à réfléchir sur leur capacité de compassion, assurant que cet homme blessé sur la route représente chacun. Conscients de cette faiblesse humaine, «le souvenir de toutes les fois où Jésus s'est arrêté pour prendre soin de nous, nous rendra d’autant plus capables de compassion», a conclu le Saint-Père.
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