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Verbum caro (hic) factum est

abbé Livio Tonello, directeur

Voilà déjà Noël: cette affirmation, qui montre l’inexorable et rapide écoulement du temps, est escomptée et c’est la raison pour laquelle, dès le mois d’août, je commence à me dire que c’est «déjà Noël» et qu’il faut donc penser à la crèche. Quand j’ai écrit ces lignes, pour des exigences liées à la presse, il faisait encore chaud et ce n’était pas facile d’imaginer un événement qui aurait eu lieu quelques mois plus tard.

Mais ce n’est certainement pas plus facile de penser à ce qui s’est passé il y a 2000 ans! «Le Verbe s’est fait chair», hier comme aujourd’hui. Dans la basilique de Nazareth, où selon la tradition historique se trouve le lieu où Marie a reçu de la part de l’ange l’annonce de la naissance du Sauveur, il y a cette inscription en latin: Et Verbum caro (hic) factum est.

Par rapport au passage de l’Évangile de Jean (1,14), quelqu’un on a ajouté «hic». Oui, ici, le Fils de Dieu s’est fait chair et il est devenu homme dans le ventre de Marie. Cet adverbe a une grande signification pour nous aussi. Nous pouvons dire que «Jésus est né aujourd’hui et ici». En tout lieu et en tout temps. Car sa naissance a une valeur universelle dans le temps et dans l’espace. C’est donc pour cela que nous pouvons parler de Noël aussi en été.

Son incarnation est un événement unique qui donne de la valeur à chaque personne sur cette terre et à travers l’incarnation, il a partagé et pris sur lui la réalité humaine pour toujours. Jésus continue à être présent dans mon humanité, sur ma terre et dans ma vie quotidienne. C’est la reconnaissance dont nous avons besoin aujourd’hui.

L’humanité a besoin de retrouver sa valeur dans l’humanité divinisée par la présence de Dieu. Il y a des signes que l’on peut lire comme désir d’humanisation malgré la détérioration de notre société. Nous prenons conscience que la technologie ne suffit pas, que les machines n’ont pas une âme, que l’informatique ne résout pas tous les problèmes et surtout que nous ne nous sentons pas plus humains.

On voit les germes d’une recomposition de l’humain dans l’attention envers la création, vers les créatures et la nature. Il y a un retour à la terre: de petits jardins potagers cultivés dans les villes pour établir à nouveau un lien, pour savourer une authenticité perdue; la compagnie des petits animaux à quatre pattes comme besoin d’une relation, d’un contact, remède peut-être paradoxal contre la solitude et l’anonymat. Des petits signes qui montrent ce besoin de donner à nouveau à notre vie un trait humanisant.

Malheureusement ce n’est pas tout car souvent ce sont les personnes elles-mêmes qui ne sont pas l’objet de cette attention pour ce qui humanise. Dieu s’est fait chair dans le mystère de Noël en nous révélant la valeur profonde de chaque personne dans la bonté de la création. C’est bien là que nous devons arriver, en considérant qu’aujourd’hui aussi la chair de l’homme est la même que celle du Fils de Dieu.

Maintenant il est chaque homme, chaque femme, chaque jeune, chaque pauvre, chaque malade... qui habite dans ce monde et il s’humanise en eux. Pour le dire avec l’image splendide du Prologue de l’Évangile de Jean: «Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous». Il continue à le faire car l’humanité qu’il a assumée est pour toujours. Ainsi saint Antoine commente-t-il: «...vous trouverez la sagesse qui bégaie, la puissance rendue faible, la majesté baissée, l’immense devenu enfant, le riche qui s’est fait pauvre... cela sera votre signe». (Sermon sur le Noël du Seigneur).

Le Verbe continue à être chair en nous, ici, aujourd’hui, et toujours afin que nous puissions nous humaniser à travers sa divinité. Que ce Noël soit saint pour vous tous, fidèles souteneurs, ainsi que pour vos familles!