Année 135 - Mars-Avril 2023

Sommes-nous les derniers chrétiens ?

abbé Livio Tonello, directeur

editorial saint antoine

Tout le monde s’aperçoit que le déclin de la pratique religieuse s’est généralisé. Nos églises se vident, les fidèles qui se rendent à l’église constituent une population de plus en plus vieillissante, les parents n’arrivent pas à transmettre leur foi aux enfants, les jeunes ne participent plus à la vie paroissiale... et l’on pourrait continuer à parler de cette situation que nous connaissons bien.

La réduction de la pratique religieuse concerne tous les pays européens et l’Italie aussi. Avec la pandémie, la participation à des activités religieuses a encore plus diminué. On se pose ces questions en célébrant le mystère central de la foi chrétienne : la mort sur la Croix et, après trois jours, la résurrection de Jésus-Christ. En 2019, il y a eu un événement catastrophique dont la valeur est hautement symbolique : le 19 avril, la cathédrale de Notre-Dame de Paris a été détruite par un incendie.

L’effondrement de la flèche a été vu par plusieurs personnes comme l’image d’une église européenne en train d’imploser. Il ne s’agit pas seulement du déclin de la pratique religieuse, mais aussi de la diminution du nombre d’ordinations, de consécrations religieuses, des mariages, de la suppression des paroisses... C’est une crise de la foi qui concerne aussi les croyants des autres religions. Alors on se demande encore plus si nous sommes les derniers chrétiens du continent.

Nous sommes certainement les derniers témoins d’une certaine manière d’être chrétiens. Dans le contexte des grands changements de la société, les Églises nationales doivent changer de visage. Nous assistons déjà à une raréfaction des relations entre les fidèles et les prêtres, surtout dans les paroisses où il n’y a pas un curé résident. Il ne faut pas être prophète pour comprendre que l’importance culturelle de l’Évangile sera de moins en moins significative. Donc c’est ici et maintenant que nos communautés ont la tâche d’évangéliser, d’être une église missionnaire selon l’expression de Pape François.

Ce sont les baptisés qui doivent être à nouveau évangélisés. Il est très important que toutes les communautés, mêmes les plus petites, continuent à témoigner la Parole du Christ. Le christianisme ne pourra encore pénétrer dans le monde que si les chrétiens ont la force de se fâcher, de s’indigner, de ne pas confondre la bonté avec la tolérance universelle dans un monde de plus en plus laïcisé, tout au moins en Occident. Les Églises devront ainsi nécessairement se concentrer sur l’essentiel.

Durant nos réunions, nous nous rapprocherons davantage de la Parole de Dieu et à l’Eucharistie, sources de la foi chrétienne en y puisant la force et l’énergie pour avoir une présence sociale efficace. Ce sera un nouveau départ à cette époque de transition, quelque chose de nouveau que nous devons préparer et concrétiser. Bon Carême et Joyeuses Pâques à vous tous !

Archive journalLire plus