Année 132 - Décembre 2020

Périphéries célestes

abbé Livio Tonello, directeur

L’affirmation de saint Paul « Celui qui était riche s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. » (2 Corinthiens 8,9) nous accompagne dans la contemplation du mystère de l’incarnation. Cette image insolite nous propose à nouveau l’événement extraordinaire qui a eu lieu il y a deux mille ans et que nous célébrons chaque année à Noël. Mais si on y regarde de plus près, elle a quelque chose de scandaleux et même d’irrespectueux.

Le Tout Puissant se dépouille de tout pour naître dans une étable, gisant sur de la paille et réchauffé par l’haleine d’un bœuf et d’un âne. C’est un mystère incompréhensible et illogique pour de nombreux bien-pensants. L’histoire est bien connue. Une femme enceinte erre dans la campagne à la recherche d’un abri et un homme (peut-être le père) qui doit partir à cause d’un recensement voulu par les occupants étrangers.

Il accompagne sa femme qui doit bientôt accoucher. Tous deux attendent de s’occuper de l’enfant donné. Sur la terre d’Israël, que les Romains considéraient la périphérie du monde, a lieu l’événement qui changera l’histoire de l’humanité. Une histoire de pauvres, de pèlerins, de personnes humbles et dévouées. Une scène simple que l’on célèbre dans les églises et dans l’intimité des maisons. « Ayant la condition de Dieu, il ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. » (Philippiens 2,6-7).

Il s’est abaissé. Presque le dernier parmi les derniers. C’est un signe pour dire qui sont les personnes éclairées et réchauffées par cet événement. Ce sont celles qui ressemblent à cette famille juive, les marginaux de la société, les réfugiés, les sans-abris, les victimes de notre économie, les pauvres gens qui n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Quelle dignité dans les personnes que nous éloignons par crainte d’être contaminés ?

Une marginalité qui blesse notre autosuffisance. Dieu s’est fait chair dans leur chair et il arrive vers nous en avançant parmi des créatures souffrantes et égarées. Ne sont-elles pas elles, les premières à pouvoir célébrer Noël ? Il n’est pas suffisant de faire des décorations de Noël pour participer au mystère de l’incarnation. Toutefois Jésus est ici pour tous, riches et pauvres, heureux et malheureux, justes et pécheurs.

C’est l’éternel mystère de Noël qui se renouvelle et qui ne doit pas nous laisser indifférents. Dieu a toujours fait de grandes choses avec les derniers ; à la fin les riches et les puissants tombent de leur trône. Dans la logique inversée de l’Évangile, la rédemption est possible pour tous. Justement Jésus peut nous embrasser tous car il est venu d’en bas et donc personne ne peut se sentir indigne de lui.

Dans l’humanité du Christ, nous apprenons à devenir frères et sœurs, en sortant de nous-mêmes pour donner des signes d’un nouvel humanisme, pour éclairer les zones d’ombre de notre société qui provoquent souvent marginalisation et discrimination. Jésus nous a enseigné à sauver notre prochain avec tendresse, avec miséricorde, avec des soins. Afin que tous puissent participer à la joie de Noël. Joyeux Noël !

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