Pas de villes fortifiées, mais des lieux de rencontre

Gabriele Pedrina

Vous, les jeunes, savez surmonter les différences avec une simplicité et un naturel enviables, quand vous le souhaitez. Ce qui nous pousse souvent, nous les adultes, à nous méfier les uns des autres, à devenir hostiles et soupçonneux, vous le vivez comme faisant partie du paysage, comme un poteau qu’il suffit de contourner. J’ai deux histoires à vous raconter : l’une que j’ai lue et l’autre dont j’ai été témoin. La première concerne Anna, une élève de CM1, qui demande à son père s’il peut l’emmener à la fête d’anniversaire d’une camarade de classe. « De qui ? » demande-t-il. « Jenny ». « Jenny ? Qui est Jenny ? ». - Allez, papa, insiste la petite fille. « Celle qui a des nattes ». Son père n’est pas convaincu et la fillette renifle : - Oui, tu l’as vue, papa. Elle a un sac à dos Frozen et des chaussures violettes ». Son père l’interrompt à ce moment-là et lui annonce qu’il l’emmènera à l’école le lendemain. Dès leur arrivée, Anna aperçoit Jenny et la désigne en disant : « La voilà ! ». Jenny était une fille noire, noire comme du charbon. Mais pour Anna, ce n’était pas sa peau qui la rendait différente et reconnaissable.

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