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L'humilité de François, et la sagesse d'Antoine

la Rédaction

François et Antoine sont donc deux saints qui vécurent à la même période mais même s’il voyagea dans diverses régions italiennes pour prêcher, François resta profondément lié à Assise où il naquit en 1182 et mourut le 4 octobre 1226. En revanche Antoine quitta Lisbonne, sa ville de naissance en 1195 pour se rendre en Afrique et puis en Italie et en France. Il vécut les dernières années de sa vie à Padoue où il mourut le 13 juin 1231. Deux saints différents par leur origine sociale, leur formation, leur caractère et leur style évangélique mais unis par la passion de se mettre à la séquelle du Christ. Tous les deux avaient été jeunes, riches et gais, ils avaient rêvé de se dédier aux entreprises militaires et ils ont tous les deux renoncé à la richesse pour vivre dans la pauvreté et au service des pauvres. Et ils avaient aussi essayé tous les deux de devenir missionnaires parmi les musulmans du Maroc.

Selon la tradition, les parcours de leur vie se seraient croisés à Assise, il y a 800 ans et nous allons rappeler ensemble cet événement.
C'est la fin du mois de mai 1221. Sur les sentiers de la campagne de l'Ombrie, on entend des chants et des prières : des groupes de Frères Mineurs venant de diverses régions d'Europe se dirigent vers Assise. Leur père spirituel, frère François, les a invités à participer au Chapitre général, c'est-à-dire à une grande assemblée pour discuter des problèmes les plus urgents de l'Ordre.
Cinq mille frères environ répondirent à l'appel. Parmi eux, il y a aussi saint Antoine qui arrive de Sicile où il a fait étape en revenant du Maroc.

« Cette armée de chevaliers du Christ », c'est ainsi que le cardinal Ugolin (le futur pape Grégoire IX) les appela, campa devant la petite église de Sainte Marie des Anges en construisant de simples cabanes de branchages. C’est pour cette raison que les historiens nomment ce rassemblement, que les frères appelaient Chapitre général, le Chapitre des nattes.
Donc François et Antoine participèrent à ce rassemblement. François, très souffrant, comme fondateur de l'Ordre et Antoine, comme simple jeune frère qui n'avait pas encore eu la possibilité de faire connaître à ses confrères son talent de grand prédicateur de l'Évangile.

Au début de l'assemblée générale, François donna la preuve d’une grande humilité en renonçant au gouvernement de l'Ordre qu’il confia à frère Élie en disant : « Le Seigneur ne m'a pas appelé à la vie religieuse pour commander mais pour obéir ». Il voulut donc se soumettre à ceux qu’il avait lui-même accueillis dans l'Ordre.

Pendant les discussions, François restait accroupi aux pieds de frère Élie. Quand il voulait exprimer son opinion, il le tirait par la bure. Alors frère Élie se penchait vers lui pour entendre ce qu’il avait à dire et il le transmettait aux frères. À la fin du Chapitre, frère François, en tendant les mains vers la grande foule des frères, les bénit avec la bénédiction biblique : « Que le Seigneur vous bénisse et vous garde. Que l'Éternel fasse briller son visage sur vous et qu’il vous accorde sa grâce. Que l'Éternel se tourne vers vous et qu’il vous donne la paix ». Puis, presque pour donner l'ordre de terminer le Chapitre général, il dit : « Allez dans le monde au nom de Dieu. Là où il y a la haine apportez l'amour, là où est la discorde mettez l'union, là où est la tristesse, mettez de la joie ».

Frère Antoine n'oubliera jamais les jours passés à Assise. On ne sait pas s’il y a eu un contact direct entre les deux saints mais nous savons qu’entre la fin de 1223 et le début de 1224, François envoya à Antoine une lettre ou pour mieux dire une carte. Avec des paroles de vénération et d'estime, il l'autorisait à enseigner la théologie aux frères en lui recommandant que cela ne fut pas au détriment de la prière. La signification de cette carte consiste en l'investiture d'Antoine comme prédicateur et maître de théologie de la part de François et elle place la primauté de Dieu par-dessus tout sans empêcher l'épanouissement des talents.
En voici le texte (selon l'édition établie par Kaajetan Esser) : « Je souhaite la santé au frère Antoine mon évêque. J'approuve que tu enseignes la théologie aux frères à condition que cette étude n'affaiblisse pas l'esprit de la sainte oraison et de la dévotion comme la Règle ordonne .» Et Antoine avec sa vie réalisa complètement l'exhortation de François.