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L’herbe est toujours plus verte ailleurs

abbé Livio Tonello, directeur

st anthony editorial

En été, la mer et la montagne, les lacs et les collines, les prés et les jardins regorgent de beauté. Quand l’hiver arrive, la nature se dépouille ; au printemps, elle se réveille, tandis qu’en été, elle étale toutes ses couleurs et ses parfums. Nos regards se posent avec plaisir sur les balcons et sur les jardins fleuris. C’est une petite compétition pour rendre sa propre maison toujours plus belle et plus soignée avec une petite touche d’orgueil. La bonne compétition permet de s’améliorer et d’évoluer. Mais si dans le pire des cas, elle se transformait en jalousie ?

Car comme on le répète souvent : l’herbe est toujours plus verte ailleurs. Nous pouvons interpréter ce proverbe de plusieurs manières. Par exemple, si l’on a peu d’estime de soi, on peut avoir l’impression que la situation des autres est meilleure que la nôtre. Puis je pense au sens de rivalité qui pousse à exceller et à commander aux autres. Je pense aussi à l’incapacité d’apprécier le bien qui est autour de nous, en dénigrant l’autre pour ne pas reconnaître ce qu’il a bien fait. Et si cela arrive à une plus vaste échelle, les problèmes s’aggravent. Comme cela arrive quand il y a des rivalités entre pays limitrophes provoquées par la soif de pouvoir, par des raisons économiques, pour affirmer sa suprématie culturelle et stratégique.

Dans ce cas-là, l’herbe n’est pas seulement plus verte ailleurs, mais elle est plus appétissante et le voisin devient peu à peu un rival, un ennemi. Malheureusement cela arrive chaque jour et dans tous les pays du monde ! Hélas ! Les humbles touffes d’herbe des prés ne rivalisent pas entre elles. Il n’y a que les mauvaises herbes qui suffoquent les autres plantes. Malheureusement, nous n’avons pas un seul et unique jardinier qui puisse s’occuper de toute la planète en faisant de la place pour tous : ce serait l’idéal car la variété des plantes embellit notre terre. En réalité, le « divin jardinier » a décidé de confier toute la création à ses enfants afin qu’ils la gardent et la protègent.

Mais en regardant autour d’eux, ils se sont aperçus qu’il y avait une herbe plus verte à conquérir. Pensons au célèbre proverbe africain « quand les éléphants se battent, c’est toujours l’herbe qui est écrasée ». Toutefois, nous pouvons trouver une solution : si ton jardin est plus luxuriant que le mien, je dois le soigner davantage ; si ton jardin est plus verdoyant que le mien, je dois peut-être l’arroser davantage, s’il y a des plantes plus florissantes, dis-moi ce que je dois faire... Il y a diverses manières pour transformer notre éden en un lieu de paix et de sérénité, en nous réjouissant avec le jardinier céleste qui, dès le début, vit que « cela était bon ». (Genèse 1,12) « Car Dieu fleurit dans les prés, il se diffuse et il fleurit à nouveau. Ceci est le seul péché, cause de toutes les erreurs : ne pas avoir su que la terre est à Dieu, qu’il est dans le cœur des biches et sous les ailes des hirondelles ». (Père Davide Maria Turoldo)