Année 132 - Octobre 2020

Les paroles pour exprimer la foi

abbé Livio Tonello, directeur

Pendant tous ces mois, nous avons tellement entendu parler.... Des paroles d’encouragement, d’espoir, de colère, des paroles mêlées aux pleurs. Des opinions différentes, des commentaires, des interprétations diverses. Cela a été une manière pour exorciser la peur, pour nous donner du courage, pour tâcher de trouver une explication. Nous avons écouté diverses affirmations des médecins et nous avons assisté à de nombreuses discussions politiques et philosophiques. Mais y a-t-il eu des paroles de foi pour dire ce que nous sommes encore en train de vivre?

Car la science est importante mais elle ne dit pas tout. La recherche médicale trouve les causes et les thérapies mais les médicaments ne suffisent pas. La personne qui souffre a besoin de quelqu’un près d’elle qui puisse lui tenir la main. Pour exorciser la peur, il faut trouver des paroles d’encouragement qui expriment l’éternité. Et la science ne peut pas nous les donner. La place saint Pierre vide le 27 mars dernier a été plus éloquente que mille discours.

En réalité c’était une place pleine des prières, des invocations et de la foi de milliers de personnes unies spirituellement. Les paroles de la foi sont capables de dire ce que le cœur ressent. C’est la capacité de voir au-delà, de ne pas s’arrêter à la douleur et à la fatigue de comprendre. Dieu n’a pas voulu la mort de son Fils et il était présent au moment fatal. C’est le même Dieu qui est présent dans la fatigue, dans la douleur et dans les adversités humaines et il n’y a que le cœur ouvert au mystère qui peut entendre sa voix.

C’est l’expérience des «personnes de foi» qui, au moment des épreuves, découvrent une force inattendue. Quand on cultive sa vie spirituelle par la prière dans une relation quotidienne avec le Seigneur, on arrive à faire mûrir des convictions pour faire face à la crise. Car on ne devient pas des héros d’un jour à l’autre et on ne trouve pas de réponses aux questions fondamentales par magie. Durant ces derniers mois, nous avons tous vécu l’expérience de ne pas être «pratiquants». Nous n’avons pas pu nous rendre à la Messe du dimanche dans nos paroisses. Toutefois nous n’avons pas coupé notre relation avec la foi, avec la vie chrétienne et avec l’activité pastorale.

L’émergence a mis en valeur le «sacerdoce baptismal», la prière en commun de toute la famille, la générosité oblative. Ce sont des aspects de la vie chrétienne qui devraient être toujours présents. Même si la situation nous a empêchés de participer à la Messe et à l’Eucharistie, notre vie spirituelle s’est engagée dans la célébration quotidienne de la présence de Dieu. Cela a pu se faire en vivant les relations et la prière de manière plus profonde.

Un appel téléphonique, un bonjour depuis le balcon, la récitation du chapelet en ligne ont été des signes de communion, de copartage des soucis et des symboles de solidarité. C’est bien cette spiritualité quotidienne et enracinée dans la vie qui fait jaillir les paroles de la foi capables de donner un sens, d’exprimer le bien et de donner à nouveau confiance. Les paroles pour dire la foi naissent de la vie vécue à la présence de Dieu.

Le contact avec les problèmes de l’humanité fait du chrétien un vrai chercheur de sens capable de témoigner le message de l’Évangile avec sa propre vie.

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