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La valeur des petites choses

abbé Livio Tonello, directeur

Le Rosaire est rapidement devenu patrimoine de toute l’Église et du peuple chrétien comme école de prière et de contemplation, comme trace merveilleuse de vie spirituelle et d’union avec Jésus et sa mère.

Il a été pendant des siècles et des générations la prière des âmes bonnes, des pauvres, des petits et des humbles de cœur. Il a été la prière de ceux qui ont accueilli le message évangélique de l’enfance spirituelle (Mt 18,3; Mc 10,15) pour être admis à la révélation des secrets du Père (Mt 11,25), à la connaissance des “mystères” du Royaume de Dieu (Luc 8,10) comme le rappelle l’Évangile qu’on lit durant la messe en l’honneur du Rosaire: «Il vous est donné de connaître les mystères du Royaume de Dieu...». Comprendre le Rosaire est synonyme de grande conquête dans notre vie, la conquête de la compréhension de la valeur des petites choses.

Dieu qui est infini choisit les petites choses et nos humbles paroles pour se révéler à l’homme. Il choisit les petites choses pour venir parmi nous: l’humanité de l’Enfant Jésus de Bethléem, celle de l’Enfant de Nazareth et du Crucifix au Calvaire, le pain et le vin de l’Eucharistie, les structures visibles de l’Église. Dieu nous montre le chemin des petites choses pour arriver à Lui: la pénitence, l’humilité, la charité silencieuse, le recueillement de l’âme qui dans la simplicité et dans la profondeur d’elle-même recherche et aime le Royaume de Dieu.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus l’appelle la voie de l’enfance spirituelle, la petite voie d’un grand amour et d’un don héroïque car c’est la chose vraiment grande que nous pouvons faire: aimer sans bornes jusqu’au sacrifice, aimer comme l’a fait Jésus, le Fils de Dieu, qui nous a aimé en “simplicitade cordis”, avec la simplicité du cœur comme les enfants du Père Céleste, conscient que tout est à lui, même l’amour avec lequel nous l’aimons.

Le Rosaire est une petite voie d’enfance spirituelle. C’est la prière et la contemplation que la Vierge a enseigné aux âmes et qu’elle a offertes à l’église au cours des siècles passés et plus récemment aussi surtout à Lourdes et à Fatima. Ici la Vierge n’a pas demandé à Bernadette et aux bergers de grandes choses comme des pénitences extraordinaires, des études théologiques très engageantes ou des révolutions.

Elle a tout simplement demandé une petite chose, le Rosaire, accompagné de petites mortifications comme actes d’amour et totale fidélité à Dieu: voilà ce qui compte. Dans le Rosaire semble se concrétiser la loi évangélique proclamée par Jésus quand il disait: «En vérité je vous le dis, si vous ne retournez pas à l’état des enfants, vous ne rentrerez pas dans le Royaume de Dieu» (Mt 18,3). C’est la même loi comprise et chantée par Marie dans son Magnificat dont le Rosaire semble une application historique dans la pitié et dans la pastorale catholique.

Dans le même style du Magnificat, la Vierge a suggéré le Rosaire au peuple chrétien: la petite voie vers les grandes choses, vers la sainteté, la vérité et la beauté de Dieu. À notre époque si difficile et complexe, nous les chrétiens, nous avons besoin de méditer sérieusement sur la signification de cette petite voie pour ne pas céder à la tentation de l’esprit de ce monde, pour éviter la voie des vices qui le corrompent et pour rester fidèles aux commandements de Dieu et aux Béatitudes évangéliques. C’est la voie de la pauvreté, de la douceur, du sacrifice silencieux et fort, de la patience virile et consciente, de la justice et de la charité à travers lesquelles on réalise la perfection.

Au contraire la voie du compromis, de la contamination, de l’ambiguïté, de la confusion et de l’absurde conciliation entre l’esprit chrétien et la folie du monde conduisent vers l’indifférence et l’athéisme.