Il y a un « repos » et il y a un « repos »

abbé Livio Tonello, directeur

De nos jours, nous parlons souvent du stress, de la nostalgie de l’été et d’un « repos bien mérité » qui, parfois, est plus stressant que le besoin de repos lui-même. Certes, au Moyen Âge, ce problème n’existait pas, mais saint Antoine pourrait peut-être nous suggérer une approche favorable à notre besoin.

En effet, dans l’un de ses Sermons, le saint ne semble pas nous offrir de pause de sitôt : « Le monde est ainsi appelé (du latin Mundus, motus) parce qu’il est toujours en mouvement et que ses éléments ne peuvent pas se reposer. Ainsi, l’homme, qui est un petit monde, est perpétuellement en mouvement du début à la fin de sa vie, et ne se reposera qu’une fois parvenu à “sa place”, c’est-à-dire Dieu. Nous n’aurons la paix qu’en Lui, c’est pourquoi nous devons revenir à Lui ».

Cette expression est clairement augustinienne et pourrait être comprise en relation avec le but ultime de notre vie : nous ne trouverons le repos qu’au Paradis ! Mais il faut comprendre ce que saint Antoine veut dire. Il nous suggère tout d’abord qu’il y a un repos et qu’il y a un repos : ce repos en vue de l’éternité ne nous est pas donné par les choses humaines, mais par la relation avec Dieu. La paix du cœur humain s’enracine dans la possibilité de vivre en amitié avec Dieu, de savoir qu’il nous aime et qu’il cherche l’harmonie avec nous et pour nous.

Dans un autre passage des Sermons, saint Antoine semble nous suggérer de pratiquer une vertu que nous pourrions appeler « ralentir », afin de ne pas transformer en soucis nos engagements. Par exemple, si l’on nous demande de prendre soin de quelqu’un, se préoccuper de ce que les autres pourraient penser est une charge inutile qui risque d’absorber nos ressources intérieures. Laisser les choses être et chercher en premier lieu à les vivre comme une occasion de connaître l’amour que le Seigneur a pour nous, sans nous surexposer à ce qui n’est pas exigé de nous, nous donne un repos du cœur authentique et « mérité » !