Année 131 - Février 2019

Ensemble jusqu’à la fin

abbé Livio Tonello, directeur

Quand une personne a un malaise, tout le monde accourt à son aide et se hâte pour appeler l’ambulance où le personnel paramédical s’occupera d’elle. En quelques décennies, la médecine a fait de grands progrès et elle a permis d’augmenter l’espérance de vie. De nombreuses maladies, incurables dans le passé, ne font plus peur, mais les soins médicaux sont-ils suffisants? Au cours du meeting sur la “fin de vie”, organisé en novembre 2017 par l’Académie Pontificale pour la vie, le Pape a utilisé à ce propos des expressions significatives: «L’impératif catégorique est de ne jamais abandonner le malade... C’est le lieu où l’on nous demande encore plus d’amour et de vigilance tout en reconnaissant nos limites et c’est là que nous devons être encore plus solidaires!». L’attitude envers les “soins” est aussi importante que les soins eux-mêmes. Je l’ai mentionné dans l’éditorial du mois de décembre en faisant allusion aux soins de Dieu pour ses créatures.

Au cours de la journée mondiale du malade (11 février, fête de la Vierge de Lourdes), nous pouvons en parler avec les personnes qui sont frappées par la maladie et qui souffrent.

Les soins ne sont pas seulement médicaux ou psychologiques mais ils demandent aussi le respect et l’acceptation. Le patient est une personne qui a sa dignité et qui continue à l’avoir en toutes conditions. Aucun malade ne peut être seulement l’objet des thérapies car la dignité de la vie et sa signification profonde ne peuvent jamais passer au second plan. Ce sont la valeur et le sens de vie qui doivent orienter les soins et l’attention de ceux qui les accompagnent dans le profond mystère de la souffrance. Il faut «prendre soin de la personne» au moment de chaque intervention chirurgicale et il faut être près d’elle jusqu’à la fin, jusqu’à la mort. Car la mort aussi est un acte humain qu’il faut vivre avec une profonde conscience humaine.

Le Pape nous dit que: «ne pas activer des moyens disproportionnés ou en arrêter l’utilisation équivaut à éviter l’acharnement thérapeutique... il est donc moralement licite de renoncer ou de suspendre des traitements thérapeutiques quand leur utilisation ne correspond pas au critère éthique et humaniste que l’on appellera “proportionnalité des soins”. Ce n’est pas une invitation à une “mort douce”... comme si la morte pouvait être douce...

La proportionnalité des soins nous rappelle que la personne malade n’est pas un objet mais un but et que cela aussi est soin, attention et respect pour chaque existence. Mais il faut rappeler aussi que l’utilisation d’une thérapie n’est pas plus importante que la présence d’une personne à côté du lit et qui lui tient la main pour lui dire “je suis là” ou qui chuchote des paroles d’amour durant les longues heures de la nuit... De petits gestes pour soutenir la vie et pour garder la dignité du malade même dans les moments de faiblesse.

Le mystère de la douleur reste, elle aussi, dans la foi la plus grande et il est éclairé seulement par le crucifix et par le contact fraternel. Jésus aussi n’est pas mort seul. Le drame du malade est de se sentir seul, abandonné, refusé.

Souvent la tragédie de la douleur s’accompagne de l’angoisse de la solitude, presque une double condamnation non méritée.

En revanche la vie (et la mort) demande bien plus. Oui, la mort aussi car elle est partie intégrante de la vie comme dernier acte irrévocable qu’il ne faut pas craindre. Pour Nous, chrétiens, vue à la lumière de la résurrection du Christ, c’est le passage qui ouvre à la Vie.

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