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Effervescences populaires de l’Esprit Saint

abbé Livio Tonello, directeur

On est toujours étonnés face à la grande dévotion réservée à saint Antoine. C’est une vénération qui n’est jamais en crise et qui se manifeste le jour de sa grande fête, le 13 juin, avec des pèlerinages quotidiens et des images du Saint dans les églises du monde entier. On l’appelle «la dévotion populaire» mais c’est une pratique à prendre au sérieux car nous reconnaissons une noble forme de foi dans les expressions d’affection qui la caractérisent. Dans son exhortation Evangelii gaudium de 2013, le Pape François la définit comme une «expression authentique de l’action missionnaire spontanée du peuple de Dieu... une réalité en permanent développement où l’Esprit Saint est protagoniste (n 122).

Elle manifeste une soif de Dieu que seulement les pauvres et les simples peuvent connaître (n 123)... et on peut saisir la modalité avec laquelle la foi reçue s’est incarnée dans une culture et comment elle continue à se transmettre. Les expressions de la piété populaire peuvent nous enseigner bien des choses qui sont un lieu théologique pour ceux qui savent le lire (n 126)». Ce sont des affirmations très claires que nous pouvons attribuer aussi à l’attachement profond pour le Saint de Padoue. Parfois il y a une requête (la grâce, le miracle), parfois on exprime de la gratitude (ex-voto) ou bien on tâche encore d’imiter un modèle de vie chrétienne en exprimant sympathie et affection. La foi trouve une grande vitalité dans la dévotion pour saint Antoine en révélant l’élan de l’Esprit Saint qui souffle sur les âmes des croyants.

C’est une manifestation de foi dans sa forme populaire, simple mais haute, qui exprime des convictions profondes et enracinées qui nous étonnent toujours. Dans cette époque de technologies et de sciences, y-a-t-il encore des personnes qui se confient à quelqu’un qui a vécu il y a huit cents ans? Des gestes et des supplications adressés à une image, à une statue, sont-ils raisonnables? Si on s’interroge sur le bienfondé de tout cela, on peut constater que les sentiments et les émotions des hommes dépassent toutes explications scientifiques et qu’ils expriment ce que les paroles ne savent pas expliquer. Ils font partie du sentiment collectif qui ne se trompe pas dans la foi et ils forment un peuple qui est l’incarnation la plus haute des intentions de Dieu. «Il n’y a pas de pleine identité sans appartenir à un peuple.

Donc personne ne se sauve pas tout seul, comme un individu isolé mais Dieu nous attire en tenant compte du complexe réseau des relations interpersonnelles qui s’établissent dans la communauté humaine...» (Gaudete et exsultate n. 6). Donc ne nous étonnons pas face à ces «effervescences spirituelles» collectives et variées. Notre capacité d’amour nous rend humains et elle nous libère de la présomption d’avoir une réponse à tout et de dominer chaque événement sur terre même si nous regardons le ciel. «Les étoiles représentent les saints que Jésus place sous le sceau de sa providence afin qu’ils n’apparaissent pas quand ils veulent mais qu’ils soient toujours prêts pour le temps établi par Dieu et qu’en écoutant avec l’oreille du cœur la voix de celui qui commande, ils sortent du secret de la contemplation pour accomplir ce qui est nécessaire» (Saint Antoine, Sermon du V dimanche après Pâques).